4. INFOS STAGES PRIVES

Pour la deuxième fois, Brahim est venu en Franche-Comté animer un stage, accompagné de deux aite : Laurent et Julien. Il a su transmettre un aikido exigeant avec bienveillance et générosité.

La pédagogie de la métaphore et de la photographie

Brahim a cette faculté qu’ont  tous les bons professeurs : rendre simples les choses qui sont – en apparence – complexes. Pour cela, il recourt parfois à des métaphores éclairantes qui vont aider le pratiquant à visualiser l’essence du mouvement. Pour sankyo omote, par exemple, il nous a donné l’image d’une barrière qu’on soulève pour passer. Pour les techniques dans lesquelles il faut « prendre le centre » d’ aite, il dit qu’il est plus efficace s’emparer directement de la tour de contrôle au lieu d’essayer de contrôler les avions qui sont lancés… Pour ce faire, deux grandes familles de techniques se dessinent : celles où l’on prend la ligne d’ aite et celles où on l’amène hors de sa propre ligne.

Dans cette même idée, Brahim dit souvent que l’on doit contrôler aite tout au long de la technique. Si on prend une photographie à n’importe quel moment de la technique, on doit pouvoir identifier à coup sûr uke et tori, qui est en position de force et qui est « pris ».

Saturer d’information n’est pas constructif

Lors du cours enseignant du samedi après-midi, Brahim a mis l’accent sur la façon d’expliquer les techniques aux pratiquants les plus jeunes. Il a montré comment donner des repères simples aux enfants pour leur apprendre à regarder. Il a également indiqué comment décomposer une technique pour la construire petit à petit : donner trop d’indications dès le début est contre-productif. Il faut d’abord travailler des choses simples, puis ajouter les éléments les uns après les autres afin de mettre les enfants dans une situation de réussite.

La chute : confiance en soi et en l’autre

Brahim nous a également proposé des exercices graduels pour le travail des chutes, en particulier pour la chute sur jujigarami. L’idée est la suivante : il faut avoir confiance en soi et en l’autre. Pour cela, il faut travailler à son niveau ; on s’habitue aux mouvements d’ aite, on apprivoise le sol, apprivoise la chute, pour qu’elle devienne facile et qu’elle soit ce qu’elle est vraiment : un plaisir et non une torture. Une mauvaise expérience de chute imprimera sa marque inconsciente dans la psyché et dans le corps ; les deux se rigidifieront sans que l’on n’y fasse attention et le cercle vicieux du désamour va s’enclencher. Il faudra ensuite que tori fasse preuve de beaucoup de patience et de bienveillance pour restaurer la confiance d’uke, effacer le souvenir douloureux d’une mauvaise chute, surtout s’il y a eu des dommages physiques. Il faut écouter le corps de l’autre, son propre corps, communiquer si on a peur. Progresser se fait ensemble ; si on pratique uniquement pour soi, de façon autocentrée, la pratique est stérile et vidée de son sens.

Ces deux jours de stage ont été d’une très grande richesse, tant sur le plan technique que sur le plan humain. Brahim propose un aikido à la fois redoutablement efficace et extrêmement doux, en donnant des exercices ludiques, progressifs, et en mettant l’accent sur la coopération. Chacun peut repartir meilleur qu’avant, avec de nombreux éléments à travailler. L’aikido, comme les autres arts martiaux, peut détruire, il peut être pratiqué dans l’arrogance et dans la domination de l’autre. Brahim nous a montré avec patience, humour et humilité que l’aikido est surtout une voie de l’épanouissement, de l’amour de soi et des autres. 

Charlotte.